Sin City T1, par Frank Miller

Bonjour, chers lecteurs ! Suite au sondage dernier, j'ai parlé de Burlesque Girrl qui avait remporté la première place du classement. Il est aujourd'hui question du second gagnant de ce sondage, à savoir le volume 1 de Sin City, The Hard Goodbye. Ceux qui me connaissent parmi les lecteurs savent que je suis une très grande adoratrice des films. Après avoir vu le premier long-métrage, ce fut comme une révélation pour moi, et il a fallu que je trouve un moyen de m'offrir les romans graphiques de Frank Miller ! L'esthétique de Sin City m'avait totalement conquise (non mais sérieux, regardez-moi ça ! Et ça !). Au final, j'ai pu lire le volume 1 de cette saga incroyable graphiquement, qui a d'ailleurs tout juste été rééditée chez nous (le volume 7 sort bientôt en France).


Ce tome raconte l'histoire de Marv, un colosse alcoolique et repoussant. N'ayant même jamais pu se payer les services d'une prostituée, Marv est un solitaire qui n'a jamais eu de femme dans sa vie. Et pourtant, une magnifique jeune femme nommée Goldie se présente à lui et le désire ardemment. Ayant beaucoup trop bu et bien trop excité, Marv ne réfléchit pas à la situation et partage le lit de la jeune femme. Le lendemain, il se réveille aux côtés de Goldie, froide comme la glace. Sans même avoir le temps de comprendre ce qu'il se passe, les forces de police sont déjà à ses trousses. Marv fuit, mais ne souhaite qu'une chose : venger Goldie.

Goldie arbore d'ailleurs une magnifique crinière blonde dans le film.

On est là dans une dimension où la seule narration est tout ce que pense le protagoniste, ici en l'occurrence Marv. Marv est un personnage bourru jusque dans ses propos, c'est pourquoi ses pensées sont très familières et proches du langage parlé. Il va de soi que la narration, en accord avec les pensées de Marv, ne sort pas de la bouche d'un académicien. Marv est d'ailleurs seul, la plupart du temps, durant son investigation et sa recherche de vengeance. Donc on se retrouve avec beaucoup de narration à la première personne (le film respecte énormément cela, pour rappel). Amateurs de lecture avec plus de dialogues que de narration, passez donc votre chemin ! Pour ma part, cela ne me dérange pas outre mesure. En fait, ça change beaucoup de ce qu'on a l'habitude de lire, surtout à ce niveau de narration. On est vraiment dans de très longues pensées, pas juste deux ou trois mots par-ci par-là. C'est plutôt intéressant, et cela permet de bien cerner le protagoniste.

Marv a cet art de faire dans la dentelle...

En ce qui concerne les actions et l'enquête de Marv tout au long de l'album, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Dès qu'il remarque que Goldie est morte, une horde de policiers est déjà à ses trousses ! Vient le temps pour Marv de chercher des informations, et de remonter petit à petit. Evidemment, son parcours est semé d'embûches et coûte cher à plusieurs personnes. Après tout, on est cerné par une atmosphère de violence, de sexe, et de crimes puants. L'ambiance de (Ba)Sin City nous entoure en tous points.

Voilà une liste bien particulière !

Et j'en viens au dessin de Frank Miller qui, bien évidemment, est sublime. Le gris n'existe pas, on est simplement face à des aplats de noirs et de blancs. Le tout est parfaitement bien géré. Les aplats priment d'ailleurs globalement sur les motifs et les décors. Les jeux d'ombres et de lumière sont tout à fait époustouflants. Pas besoin de dessiner forcément les contours pour laisser deviner une forme au lecteur ! La répartition des dessins sur chaque page est d'ailleurs plutôt intéressante, et les cases sont en général assez grandes (donc peu de cases par page), ce qui offre un bien plus grand espace au dessin et aux plans dans l'histoire. Miller nous offre de plus beaucoup de pleines pages, pour notre plus grand plaisir. Je ne passe pas une page sans apprécier le travail de mise en page, le dessin et le texte ! Tout est parfaitement calculé et chaque vue ressemble à un plan de film. L'ensemble des cases est très cinématographique, et on pourrait croire qu'on se retrouve projeté dans un film noir qui a mal tourné.

Sacrée gestion du noir et du blanc, n'est-ce pas ?

Au final, Sin City est un incontournable absolu. L'édition française nous offre d'ailleurs un superbe objet-livre, épais et totalement épuré pour ne proposer que l'essentiel sur la couverture. C'est une très belle réédition. Evidemment, comment ne pas saluer le travail indiscutable de Frank Miller ? Du scénario au dessin, en passant par les textes (narration et dialogues) et le découpage comme-au-cinéma des pages, tout vaut le coup d'être lu et apprécié. On ne peut pas revenir inchangé de l'expérience Sin City, que ce soit positif ou négatif. Si vous n'avez pas encore essayé, alors qu'attendez-vous ?

© Miller, Rakham.

Fiche informative :

• Titre : Sin City T1, The Hard Goodbye
• Scénario et dessin : Frank Miller
• Pages : 205
• Éditeur : Rakham
• Prix éditeur : 20 euros
• Année d'édition : 2013
• ISBN : 978-2-878-27165-2