La Fille Maudite du Capitaine Pirate T1, par Jeremy Bastian

La piraterie, c'est mon grand dada, surtout quand c'est si beau !
Bonjour, bonjour ! Alors ici, je vous préviens, on doit être dans mon coup de cœur ultime de l'année 2014. J'en ai embêté, du monde, avant de pouvoir m'offrir ce roman graphique absolument i-n-c-r-o-y-a-b-l-e ! Même ma prof de dessin est passée dans le groupe des personnes harcelées ! Après avoir découvert ce roman graphique, j'ai voué un culte innommable à Jeremy Bastian. J'ai dû attendre quelques mois après sa sortie pour l'acheter, et chaque jour je rappelais à qui voulait l'entendre qu'il me le fallait. La beauté de la couverture et les planches que j'avais eu l'occasion de voir m'avaient séduite.


En Jamaïque, plus précisément au Port Elisabeth, en 1728, une jeune orpheline affublée de vêtements en lambeaux et de grandes bottes de pirate entame un périlleux voyage. Elle clame partout qu'elle est la fille maudite du Capitaine Pirate. Son père serait l'un des capitaines pirates des mers d'Omerta. Ces eaux ténébreuses seraient envahies de monstres étranges et de créatures infernales. Elle s'allie cependant avec certaines de ces créatures pour trouver le navire de son père parmi ces mers mystérieuses. Filant d'aventure en aventure, elle fait de nouvelles découvertes au fil de son périple et rencontre des personnes de plus en plus étrange, un bestiaire de plus en plus varié. Le périple de la jeune fille ne fait que commencer.

Avec une héroïne si charismatique, il était évident que j’adhérerais !
Une centaine de pages, ça paraît bien peu, tout de même. Certaines bandes-dessinées contenant ce nombre de pages se lisent très vite. Ce n'est pas le cas de La Fille Maudite du Capitaine Pirate. Outre la richesse des images qui font que l'on s'attarde indubitablement sur chaque page, l'histoire avance à un rythme ni trop lent, ni trop rapide et ce pour tous les évènements. Une scène de rencontre anodine prendra autant de temps à se développer qu'une rencontre cruciale, voire une découverte. Chaque élément a son importance dans le récit et jamais il n'est évincé au profit d'un autre. Certaines pages sont parfois découpées de manière si proche de l'illustration que la compréhension repose sur un regard appuyé. On ne peut lire ce roman graphique rapidement si on souhaite la comprendre dans son intégralité. On ne peut pas non plus capter le fil de l'histoire juste en survolant ou en feuilletant, car les détails sont légion et l'image raconte tout autant que les mots.

Le voyage commence dans les eaux d'Omerta.
Au sujet de l'histoire, je me suis, une fois n'est pas coutume, attachée au personnage principal. Cette jeune fille sans prénom, la fille du Capitaine Pirate, est vive, courageuse, et on pourrait la croire folle tant elle est bornée. Elle affirme être la fille d'un Capitaine Pirate redouté de tous, mais elle ne sait qui il est ni à quoi il ressemble, et elle n'a même aucune preuve d'être sa fille. Au final, on la suit dans ses aventureuses recherches sans même savoir si cela est une chimère ou non. Elle paraît d'ailleurs tellement sûre de ce qu'elle avance qu'elle se trouve des alliés sans trop de difficultés, comme Poivre d'As, un perroquet qui ne fait pas que répéter mais qui parle tout simplement, et qui la suit et l'aide dans ses pérégrinations. La fille maudite est brave, rusée et ne manque en aucun cas de caractère. Elle a, en tout cas, l'esprit d'un pirate pour ces points ! L'ensemble est recherché (pour les décors et les constructions en particulier), fantastique (tant de créatures différentes !), les dialogues sont toujours très réfléchis et jamais ne tombent à plat, bref, l'histoire est très rigoureuse et pourtant jamais barbante. Un vrai régal !

Chaque page a un découpage impressionnant
Le premier volume de cette série se montre très prometteur. Il représente ce que je n'avais jamais vu auparavant dans la bande-dessinée (peut-être que la bande-dessinée de Jeremy Bastian n'est pas la première dans ce domaine graphique, pardonnez-moi si je n'ai pas lu des ouvrages qui le seraient). C'est bien simple, on dirait de la gravure du bois. Et honnêtement ? Pour moi qui ai découvert le travail de gravure l'année dernière, c'est exceptionnel ! Il faut le voir pour y croire. Les images qui peuplent mon article ne sont certainement pas à la hauteur de ce qu'elles montrent en vrai. Chaque case, chaque décor, chaque personnage, parfois certains phylactères, sont composés d'une multitude de traits divers et variés qui nuancent et rythment l'image. C'est juste incroyable ! Les aplats de noirs sont très rares, car le trait, chers amis, le trait fait tout le boulot ! Il y a une richesse de détails qui crée un monde à part à chaque vignette, à chaque dessin. Et pour que vous vous rendiez compte du travail fantastique de Bastian, je vous invite au moins à ouvrir cette bande-dessinée, à n'importe quelle page, et de coller votre nez sur la page pour comprendre ce que je veux dire. Car de loin, l'image est belle, elle est nuancée, certes, mais c'est en regardant de près qu'on se rend compte de toute la dimension graphique des dessins.


De toute façon, même en bleu, c'est superbe.

Je trouve que l'aspect gravure de ces dessins colle d'ailleurs très bien avec l'histoire et l'ambiance de la bande-dessinée. Je crois qu'un autre type de dessin pour traiter de la piraterie aurait été peut-être moins efficace que ce que nous propose Jeremy Bastian. La maison d'édition française a d'ailleurs joué le jeu jusque dans l'objet, car le livre est doté d'une couverture épaisse légèrement jaunie et mate (sur laquelle les illustrations sont imprimées en bronze), la tranche est décorée à la façon des vieux livres, et même le papier à l'intérieur est écru. On a là un beau livre, qui ne se contente pas d'émerveiller par son contenu, mais aussi par le contenant. (Et pour information, l'édition française est très différente de l'édition originale, voyez par vous-mêmes : )

Je n'exagère pas une seule seconde en disant que ce doit être mon ouvrage préféré de 2014. Malheureusement, les romans graphiques sont parfois trop souvent négligés. Et personne dans mon entourage n'avait jamais entendu parler de La Fille Maudite du Capitaine Pirate avant que je ne leur montre. Et je trouve cela fortement dommage. Cette merveille est à mettre incontestablement entre toutes les mains. Le prix est très correct pour un travail de cette qualité. Avec cette bande-dessinée, on voyage, on rêve, et surtout, on est émerveillé. Jetez-vous dessus !



Le blog de Jeremy Bastian : Jeremy Bastian's Blog



©Bastian, Editions de la Cerise

Fiche informative :
  • Titre : La Fille Maudite du Capitaine Pirate, volume 1
  • Scénario et dessin : Jeremy Bastian
  • Pages : 128
  • Éditeur : Editions de la Cerise
  • Prix éditeur : 19 euros
  • Année d'édition : 2014
  • ISBN : 978-2-91859-605-9



Les images contenues dans cet article sont issues de l'ouvrage dont il est question ici, à l'exception de la photographie d'introduction qui m'appartient.

Commentaires

  1. Je n'ai pas eu l'occasion de le lire malgré les bonnes critiques que j'ai entendues sur cet ouvrage. Je vais noter, histoire de forcer un peu le destin pour que ce titre croise ma route. L'occasion de découvrir un nouvel auteur également, les visuels intérieurs que tu partages sont superbes !

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    1. Si seulement j'avais pu partager toutes les pages sans que cela ne soit barbant ! J'ai relu l'ouvrage pour écrire l'article, et j'avais toujours cet émerveillement comme lors de ma première lecture !
      Si tu le lis, j'espère vraiment qu'il te plaira ! :)

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