Supermarket, par Wood et Donaldson [SPOILERS]
De belles couleurs pour le mois d'août ! |
Bonjour !
Alors que je suis officiellement en vacances (mais pour peu de temps), j'en profite pour écrire un article que je tenais à faire depuis un mois ou deux. J'ai déniché Supermarket, de Brian Wood et Kristian Donaldson dans une petite boutique où sont vendus des comics d'occasion. La couverture, le format peu épais, le fait qu'il s'agisse d'un one-shot et le résumé m'ont convaincue de faire un de mes fameux "achats à l'aveugle". C'est parti !
La Ville. Tout le monde l'appelle le Supermarché. Ici, l'argent est roi. L'argent sale, surtout. Les Yakuza et les Porn-Suède mènent la danse. Pella Suzuki est une fille des banlieues riches. Facile d'avoir la langue bien pendue quand on vit dans un cocon doré. Mais quand ses parents sont assassinés, tout bascule. Projetée en pleine guerre des gangs, Pella est soudain hissée au rang d'héritière d'un empire très convoité. Seul son sens très personnel du business de la rue pourra l'aider à survivre sur cette route tracée pour elle bien avant sa naissance. (Synopsis issu de la quatrième de couverture)
Bon, autant vous le dire, j'ai beaucoup de choses à dire au sujet de Supermarket, et il est fort probable que je spoile plus que d'ordinaire (de toute façon, le résumé en dit déjà beaucoup trop pour un comic qui tient en à peine cent pages...). Brian Wood place là un contexte de dystopie, où au final la ville futuriste est placée comme un immense centre commercial (idée qui m'a plu au départ). La narration de Supermarket se fait par Pella, qui est très engagée contre tout ce que représente La Ville : elle critique vivement la surexploitation alimentaire, la surconsommation en général, le fait que tout le monde jette son argent par les fenêtres pour prouver qu'ils en ont... Elle le critique aussi bien dans les cartouches de narration que dans ses lignes de dialogue. Facile donc, de cerner sa position par rapport à un tel environnement, dans lequel elle a d'ailleurs grandi, ses parents semblant très riches. Seulement, le point de vue de Pella me semble bien trop répété, et en très peu de pages, ce qui rend vraiment difficile une identification qui aurait pu se faire aisément avec moins d'occurrences du propos.
Quoiqu'il en soit, on comprend rapidement que Pella est maline ; aussi, lorsque ses parents sont assassinés, elle devient réaliste et fait ce qu'il faut pour se sauver (même si les scènes sont encore ponctuées de phrases contre le système et l'argent, ce qui, selon moi, n'est pas nécessaire car on a compris son point de vue dès les premières pages). Elle va trouver un allié parmi les Yakuza, appelé Beta, qui va la couvrir et lui permettre de fuir à plusieurs reprises sous les coups de feu du crime organisé japonais, et même sous ceux des Porn-Suède (groupe opposé des Yakuza, uniquement composé de suédoises).
Regardez-moi ces couleurs ! |
Et hop, un aperçu des Porn-Suède ! |
Supermarket a pourtant ses bons côtés, comme le dessin et la couleur qui se démarquent particulièrement. Les couleurs sont fantastiques, Donaldson mélange ici des nuances insoupçonnées, afin d'obtenir un rendu mélangeant des tons vifs sous un filtre sépia. Pour une histoire mêlant danger, gangs et argent, on aurait tendance à opter pour des couleurs sombres, fades ; or c'est ici tout l'inverse qui se trouve dans le comic. Le choix des couleurs, mêlées à une composition dynamique, est vraiment le point fort de cet album, qui m'a séduite dès sa couverture. Cette dynamique liée aux nombreuses correspondances de couleurs compensent d'ailleurs les menues lacunes de proportions dans le dessin.
Même si Supermarket part sur une base de génération post-Roméo et Juliette, le scénario de Brian Wood reste dans le fond une idée qui valait le coup d'être développée. Quel dommage qu'elle l'ait été sur un rythme parfois trop hasardeux dans le comic, ce qui rend au final la conclusion incompréhensible ! Pourquoi les Yakuza et les Porn-Suède veulent capturer/tuer Pella ? Ce n'est pas clairement expliqué au final, mais Pella, même si elle ne comprend rien à la situation, sait parfaitement ce qu'elle doit faire à la fin pour dilapider l'argent des deux gangs. C'est vraiment dommage, car j'ose croire qu'avec le double de pages, le scénario aurait pu se développer plus efficacement et conserver une certaine logique. On comprend que l'histoire se termine bien pour Pella (malgré la mort de ses parents qui fut le point de départ de l'intrigue), Beta et Marta, mais il est difficile de comprendre comment, tant les données les plus cruciales ont été jetées en deux temps trois mouvements au lecteur. En définitive, Supermarket est très attrayant visuellement parlant, et je ne me lasse pas de regarder les pages de Kristian Donaldson ; mais je regrette l'étrange rythme donné au scénario, qui pour moi semblait prometteur.
À très bientôt !
© Wood, Donaldson / Milady |
- Titre : Supermarket
- Scénario : Brian Wood
- Dessin : Kristian Donaldson
- Pages : 104
- Éditeur : Milady
- Prix éditeur : 12,90€
- Année d'édition : 2010
- ISBN : 978-2-811-20431-0
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