Moon Girl and Devil Dinosaur T1, par Montclare et Reeder

La passion dinosaure est bien présente !

Bonjour à tous !

Alors que j'avais solennellement annoncé au début de ce blog que je parlerai essentiellement de bandes-dessinées et de romans graphiques, il faut croire qu'une fois encore, je déroge à la règle. En même temps, depuis le temps que je souhaitais lire ce comic, il fallait bien que j'en parle avec vous ! J'ai désespérément tenté de savoir si Moon Girl and Devil Dinosaur sortirait rapidement dans nos contrées, mais je me suis sentie boudée par les éditeurs car je n'ai jamais obtenu de réponse à mes questions. Qu'à cela ne tienne, je me suis offert le premier tome de cette histoire pipou et cool en même temps en VO, et on va en parler ensemble, d'acc ?

Lunella Lafayette est une préadolescente inhumaine et géniale qui veut changer le monde ! Ce job serait beaucoup plus simple si elle ne vivait pas dans la peur absolue de son gène Inhumain latent. Rien ne dit en quoi elle va se transformer - mais Lunella a un plan. Elle a juste besoin du Projecteur Omni-Vagues. Facile, n'est-ce pas ? Ça l'était, jusqu'à ce qu'une bête rouge à écailles soit téléportée d'un passé préhistorique à un futur lointain que nous appelons... Aujourd'hui ! Ensemble, ils sont l'Inhumaine Moon Girl et Devil Dinosaur ! Mais seront-ils des meilleurs amis pour la vie, ou le seront-ils jusqu'à l'heure du dîner de DD ? (Partie de synopsis traduit de la quatrième de couverture)

La rencontre.

Ce synopsis somme toute assez long (et dont j'ai pourtant coupé la moitié...) n'est peut-être pas le plus attirant tant il s'étend, mais nous allons tenter, une fois n'est pas coutume, de traiter des éléments qui m'ont intéressée lors de ma lecture. Ce qu'il faut savoir au premier abord, c'est qu'il ne s'agit pas de la première occurrence de Devil Dinosaur ; en effet, il a été créé par Jack Kirby, et sa première apparition date de 1978 ! Au départ, Devil Dinosaur était l'acolyte de Moon Boy, sur Terre-78411 alors que l'action se déroule dans un passé primitif. En sachant ça, ce n'est pas très difficile de faire le rapprochement entre cette réalité dont vient Devil Dinosaur, et la réalité de Moon Girl (qui prend malgré elle, par son nom, la relève de Moon Boy qui lui se trouvait dans la réalité de DD).

Lunella a un style à toute épreuve !
Lunella fait partie d'une lignée de personnages féminins forts qui sont introduits petit à petit dans la gamme Marvel, afin d'apporter un renouveau dans les histoires, et de permettre une identification plus appréciée des lectrices. Exit les femmes au rôle secondaire : Marvel a compris qu'elles pouvaient aussi être des héroïnes, et cela s'en ressent avec les nouvelles Thor, Wolverine, ou encore les séries consacrées à Spider-Gwen, à Ms. Marvel, et même à Gwenpool !
Lunella ne déroge pas à la règle, et, non contente d'appartenir au genre féminin, elle est également une préado noire. À l'instar de Kamala Khan, par exemple (Ms. Marvel), Lunella est un nouvel exemple que Marvel tente de diversifier au mieux ses héros, ne se cantonnant plus dans des stéréotypes datés. Cerise sur le gâteau, Lunella est un petit génie accro à la science, ce qui la mène à particulièrement s'ennuyer à l'école et qui la soumet aux brimades de ses camarades et de ses professeurs.

Le rêve de Lunella étant d'entrer le plus vite possible dans des écoles de grande renommée pour en apprendre toujours plus sur la science, nous comprenons très vite qu'elle ne se sent pas à sa place dans un parcours d'école standard. De plus, elle recherche un artéfact Kree* millénaire à ses heures perdues, qui serait le seul dispositif capable d'empêcher sa transformation d'Inhumaine après le passage du nuage tératogène*.
Il est difficile pour moi de résumer ce premier recueil édité par Marvel tant il y a d'évènements qui s'enchaînent au fil des pages (et il y a par ailleurs beaucoup de personnages que je passe sous silence qui sont très chouettes, comme la mère de Lunella par exemple). Je pourrais peut-être ajouter, avant de passer à la suite, qu'il est évident que les évènements ne se passent pas comme prévu avec l'arrivée de Devil Dinosaur, certes, mais aussi et surtout avec celle des ennemis préhistoriques de DD qui débarquent également dans le monde de Lunella.


A ce sujet, quelques éléments m'ont chiffonnée pendant ma lecture, et je pense particulièrement à la rapidité d'adaptation de ces ennemis préhistoriques. En deux temps trois mouvements, ils apprennent la langue de Lunella en écoutant juste quelques personnes acheter des articles dans un kiosque à journaux. Malgré tout l'univers fantastique entourant notre héroïne (elle se trouve, rappelons-le, dans le même contexte que celui des Avengers), j'ai trouvé cette facilité scénaristique un peu capillotractée, bien qu'elle fasse avancer l'histoire rapidement (et personnellement, je trouvais que la barrière de langue, qui se remarquait grâce à des indications textuelles, semblait être quelque chose d'intéressant à travailler...). Autre exemple de facilité scénaristique : Lunella trouve l'artéfact Kree à une vitesse déconcertante, dans une simple ruelle vide et sombre. Alors certes, elle a sans doute cherché l'artéfact pendant des mois avant le début de l'histoire, mais quand bien même : rien ne nous indique comment un artéfact supposément si important s'est retrouvé bêtement là (même pas une petite note de bas de page, si nous devions nous référer à un autre numéro)**...

Passons ces réserves car elles restent minimes par rapport à mon appréciation de ce premier volume. Ce que je trouve intéressant dans Moon Girl and Devil Dinosaur est le développement du personnage de Lunella. Elle a beau être très intelligente et très vive d'esprit, elle n'en reste pas moins une petite fille qui est terrifiée à l'idée de se transformer en Inhumaine. Lunella, comme des préadolescentes de son âge, a des craintes et des insécurités et ce, malgré ses capacités intellectuelles. Elle connaît également les brimades et le fait de ne pas se sentir à sa place. Sa grande aventure qui commence avec Devil Dinosaur semble lui apporter la confiance qui lui manquait, car étrangement, le tyrannosaure n'est pas menaçant envers elle. L'intelligence de Lunella ne l'empêche pas d'être attendrissante et de s'amuser comme elle le fait, et c'est rafraîchissant de voir une protagoniste forte abordée de la sorte.

Les antagonistes ont un peu moins de style, mais comment leur en vouloir ?

Le style graphique et coloré convient d'ailleurs selon moi à merveille avec l'atmosphère de l'histoire. Les couleurs sont vives et variées, en particulier quand DD est présent dans les pages, éclatant dans ses écailles vermillon. Le trait de Natacha Bustos est très efficace : il va à l'essentiel et ne s'encombre pas de fioritures quand cela n'est pas nécessaire. Les hachures et les traits de mouvement apparaissent uniquement quand l'histoire en a besoin. Du reste, on fait confiance à l'intensité des couleurs de Tamra Bonvillain. Les effets de brillance et de reflets sont très convaincants, et le traitement des couleurs se reflétant sur la carnation de Lunella offrent un joli rendu. N'oublions pas que Tamra Bonvillain a également travaillé sur Wayward ! La colorisation n'est pas extrême et ne cherche pas à apporter trop de dimension à des dessins en deux dimensions : quelques ombres, quelques effets de lumière suffisent, et le reste est dû aux choix de couleurs pastelles ou vives selon les situations.
En ce qui concerne la mise en page, on favorise les cases allongées, soit verticalement, soit horizontalement, ce qui offre naturellement de la place pour y intégrer Devil Dinosaur quand il arrive dans l'histoire. Il est assez rare de trouver de petites cases carrées dans ce comic, et c'est un plaisir pour les yeux de voir plus de mouvements, plus de détails et de couleurs grâce à ce procédé.

Entre nous, il n'est pas trop cool ce dinosaure ?

Moon Girl and Devil Dinosaur devrait sortir en France, et vite. Le succès de Ms. Marvel auprès des lecteurs et lectrices français(es) ne devrait plus laisser de place au doute : notre lectorat est désormais prêt à en découvrir toujours plus et à lire les aventures d'une jeune fille et de son T-rex. Après Rocket Girl, Brandon Montclare et Amy Reeder nous prouvent une fois de plus qu'il peuvent écrire des histoires pleines d'actions et pétillantes à la fois. Ce comic est rafraîchissant, et c'est très agréable de voir une gamine surdouée se démener pour contrer sa peur et récupérer son objet de convoitise. Elle est active, futée, et son animal de compagnie est quand même un dinosaure ! Lunella était cool au début de l'histoire, mais elle l'est encore plus en présence de DD : ensemble, ils forment un duo ultime. Au-delà de suivre les craintes d'une Inhumaine, on assiste aussi à des tas de traits humoristiques qui sont évidents compte-tenu de la présence de DD. Et ça fait vraiment du bien de lire un comic qui laisse de la place à de la légèreté, pour une fois !


À bientôt !



Blog de Brandon Montclare : BRANDON MONTCLARE
Blog d'Amy Reeder : Amy Reeder

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* Tous ces termes peut-être obscurs pour vous proviennent de la culture Inhumaine instaurée dans l'univers Marvel :)

** Je tiens à préciser que je n'ai pas pu lire tous les comics qui ont été publiés autour de Moon Girl and Devil Dinosaur, comme Marvel a l'habitude de faire quand de nouvelles éditions pointent le bout de leur nez. Si vous savez pourquoi cet artéfact se retrouve ici, n'hésitez pas à me le faire savoir en commentaire, je serai ravie de le savoir !
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© Montclare, Reeder, Bustos, Bonvillain, Marvel.
Fiche informative :

  • Titre VO : Moon Girl and Devil Dinosaur T1 - BFF
  • Scénario : Brandon Montclare et Amy Reeder
  • Dessin : Natacha Bustos
  • Couleurs : Tamra Bonvillain
  • Pages : 136
  • Éditeur : Marvel
  • Prix éditeur : $17,99
  • Année d'édition : 2016 pour le recueil (2015 pour la first issue)
  • ISBN : 978-1-302-90005-2

Les images contenues dans cet article sont issues de l'ouvrage dont il est question ici, à l'exception de la photographie d'introduction qui m'appartient.

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