Rat Queens T1, par Wiebe et Upchurch

Un peu de médiéval-fantastique, ça vous dit ?

Hey les bédéphiles !

Une bonne partie d'entre vous doit être en vacances (pas moi), ce qui vous laisse amplement le temps de lire des bandes-dessinées pour rattraper le temps perdu ! N'hésitez d'ailleurs pas à me conseiller vos récents coups de cœur, je serais ravie d'en lire toujours plus :) Aujourd'hui je souhaite vous parler d'une série qui est publiée aux États-Unis depuis 2013, mais qui a débarqué chez nous cette année seulement, à un prix de lancement comme je les aime chez Urban (ces prix de lancement sont d'ailleurs un piège sans nom car ils ne m'aident en aucun cas à avancer le reste de mes séries...). Ceux qui me connaissent bien savent que j'aime énormément la littérature fantastique et ses différents pendants cinématographiques, vidéoludiques, etc. C'est donc sans hésitation que j'ai laissé sa chance à Rat Queens.


Best girlsband so far.

Hannah, Violet, Dee et Betty, aussi connues sous le nom de Rat Queens, n'ont pas pour réputation de faire dans la finesse. Elles n'ont pas leur langue dans leur poche, leurs armes de guerre non plus d'ailleurs. Elles font parties des cinq groupes de mercenaires chargés de protéger la petite ville de Palissade. Lourde responsabilité pour ces quatre jeunes effrontées, surtout lorsque les aventurières s'avèrent aussi ingérables et destructrices que les adversaires qu'elles combattent... Faudrait-il y voir l'origine de la horde d'assassins lancée à leur poursuite ? (Synopsis issu de la quatrième de couverture)

J'ai (étrangement) une préférence pour Violet ♥
On débarque donc dans un comic-hommage aux grands noms de la fantasy, avec notamment - pour reprendre ceux qui sont cités par Urban Comics - Le Seigneur des Anneaux et Donjons et Dragons (et je me rends compte qu'il n'est vraiment pas nécessaire de citer le deuxième compte tenu du titre français du premier tome...). L'histoire de Rat Queens dans un tel contexte n'est pas un prétexte, mais vraiment un récit dédié (et bien mené) au genre.

Les Rat Queens sont quatre femmes déjantées à la personnalité forte et aux capacités très étendues. Le quatuor témoigne d'une certaine diversité, qu'il s'agisse de leur espèce, de leurs pouvoirs, de leurs engagements sociologiques/politiques/religieux, ou même de leur orientation sexuelle. Dans le groupe, une elfe-mage, une prêtresse étrangement athée, une naine rebelle qui rase sa barbe et une lutine dealeuse, le cocktail semble explosif et au service d'une ambiance folle. Et pourtant, l'histoire est plus sérieuse qu'elle en a l'air. Alors qu'elles s'éclatent à se saouler, à provoquer des bastons de bar et à détruire la moitié de Palissade, un sombre complot se dresse dans l'ombre et menace leur vie bien remplie, ce qui crée des tensions et quelques rebondissements. Cependant, ce n'est là que le tome 1, et la place est surtout réservée à la mise en place du décor et des personnages, bien qu'on ait des scènes de baston dynamiques et dingues.

Elles aiment VRAIMENT les bastons de bar.
Le découpage des pages est somme toute assez classique, sauf peut-être lors des scènes d'action où l'on retrouve des enchevêtrements de cases, ou de grandes obliques que l'on retrouve dans d'autres comics. On relève cependant l'usage du flou (dont j'ai notamment parlé dans ma chronique sur Rocket Girl) dans les images, ce qui accentue l'effet de mouvement et de mise au point d'une scène (et donne un effet photographique voire cinématographique à l'ensemble). Les couleurs sont essentiellement portées dans les tons ocre et sépia, auxquels nous pouvons être familiers si on s'intéresse à l'univers médiéval-fantastique (je suis tout particulièrement épatée par le traitement de la carnation de Dee, elle semble bien plus en relief que les autres personnages). Les dessins sont vifs et font vraiment vivre les Rat Queens comme des héroïnes fortes et se suffisant à elles-mêmes.


J'apprécie particulièrement le fait que les femmes de l'histoire ne soient pas caricaturées et aient un vrai rôle dans l'histoire. Leur personnage, leur caractère et leurs antécédents sont creusés pour en extraire une énergie, une âme qui fait du bien à voir. Même si le premier tome semble un peu piétiner, je rappelle qu'on est dans un contexte de fantasy, de ces contextes qui prennent leur temps pour placer doucement les éléments narratifs nécessaires à la bonne avancée de l'histoire. Le tome 1 de Rat Queens pourrait donc avoir ses longueurs, mais il ne manque pas pour autant d'humour et de fond. On a là un début prometteur, mais qui me fait vraiment attendre une suite plus explosive encore.
Après tout, la version originale de Rat Queens est éditée par Image Comics, soit un éditeur qui jusque-là ne m'a pas déçue avec The Wicked + The Divine, Wayward, Descender, Saga ou encore Rocket Girl (tous ces titres impliquent tellement d'articles à écrire, et même au-delà) ! N'oublions pas non plus que la série a été en lice pour remporter l'Eisner Award de la meilleure série en 2014, et qu'elle a remporté en 2015 le GLAAD Media Award ("Gay and Lesbian Alliance Against Defamation", soit une récompense qui démontre la grande capacité de la série à représenter la communauté LGBT et à la défendre).



Donc avis aux amateurs de fantasy, de mystères, d'humour et de situations déjantées ; Rat Queens semble être un comic fait pour vous :)


A très bientôt !



© Wiebe, Upchurch, Urban Comics (Coll. Indies)
Fiche informative :

  • Titre : Rat Queens T1 - Donjons et Draguons
  • Scénario : Kurtis J. Wiebe
  • Dessin et couleurs : Roc Upchurch
  • Pages : 117
  • Éditeur : Urban Comics, Collection Indies
  • Prix éditeur : 10€ (prix de lancement)
  • Année d'édition : 2016 (pour l'édition française)
  • ISBN : 978-2-365-77831-2



Les images contenues dans cet article sont issues de l'ouvrage dont il est question ici, à l'exception de la photographie d'introduction qui m'appartient.

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