Broderies, par Marjane Satrapi
Bonjour à tous !
Aujourd'hui je m'attaque à l'une de mes idoles de la BD et du roman graphique, j'ai nommé Marjane Satrapi. Bien entendu, je l'ai découverte grâce à Persepolis, mais je vous avoue avoir vu d'abord le film d'animation (qui fut diffusé en 2008 à la Nuit de l'Anim' de Lille) avant de lire le roman graphique. Depuis l'ouverture de ce blog, je me suis toujours demandé s'il fallait que je parle de ce monument qu'est Persepolis. Beaucoup d'autres l'ont sans aucun doute fait avant moi, et j'imagine que je ne dirai rien de nouveau dessus. Alors je fais les choses un peu à l'envers en parlant de Broderies, qui est un peu un complément de ce chef-d’œuvre. Cela dit, peut-être qu'un jour je parlerai de l'intégrale de Persepolis, car cela reste quand même un ouvrage qui me tient énormément à cœur, et puis je parle de tout ce que je veux sur mon blog, na !
Parallèlement à Persepolis, Broderies de Marjane Satrapi met en scène un florilège d'anecdotes de femmes Iraniennes. Tandis que la jeune Marjane prépare le samovar, les histoires de famille s'enchaînent, horribles ou incroyables, mais toujours drôles et touchantes. Un aparté complémentaire et indispensable à Persepolis. (Résumé extrait du site Internet de l'Association)
Comme dans Persepolis, au-delà de lire une histoire retraçant des souvenirs, on apprend des choses. En ce qui me concerne, j'ai appris dès le début que le samovar était du thé qui se cuisait (et que non, il n'est pas infusé). Cette histoire autour du samovar a son importance, car elle constitue l'introduction, la scène d'exposition de Broderies. Après un repas de famille, les hommes vont faire la sieste et les femmes débarrassent, font la vaisselle et rangent. C'est après qu'elles se réunissent autour d'un thé (qui met quarante-cinq minutes à cuire environ !) pour se "ventiler le cœur", comme se plaisait à dire la grand-mère de l'auteur.
Sachant qu'il s'agit d'un pendant de Persepolis, il est difficile de comprendre le contexte de Broderies sans avoir lu la pièce maîtresse de Marjane Satrapi (en ce qui concerne la culture, les traditions maritales, la politique du pays, le statut des femmes, etc.). Dites-vous bien que ce ne sont pas des femmes oppressées que nous voyons discuter, mais bien des femmes libérées qui parlent de mariage, de divorce, de virginité, de sexe sans aucun complexe ! Eh oui, malgré tout ce qu'on peut penser du statut de la femme en Iran (cf. Persepolis pour plus de détails), ces femmes sont comme toutes les femmes, et peuvent parler de tout comme les autres. Et bon sang ce que ça fait plaisir de les voir ainsi !
J'ai un faible pour Parvine, la tante de Tadji et donc grand-tante de Marjane, car elle est la plus libérée de toutes, il me semble. Mariée à 13 ans à un ministre de 56 ans son aîné, elle a fui pour ne pas perdre sa virginité avec lui, et a fini par devenir sa veuve quelques années plus tard. Elle affirme que les mariages de raison ne sont pas une bonne chose, et qu'il faut se marier avec le cœur. C'est une artiste très ouverte d'esprit, qui affirme qu'"on ne devient pas courageux, on le devient". Marjane la félicite car c'est une femme qui s'assume et qui assume ses idées. Parvine est d'ailleurs contre la broderie car c'est ne pas assumer le fait de perdre sa virginité.
Et parlons-en, de la broderie. Sans le bagage nécessaire, on ne sait pas ce que signifie ce titre nébuleux par rapport à Persepolis. La broderie est une opération chirurgicale visant à recoudre une femme dans le cas où elle aurait perdu sa virginité avant le mariage. Ainsi recousue, elle peut se faire passer pour vierge à nouveau lors de sa nuit de noces. Soumises à des traditions très ancrées dans les mœurs, de plus en plus de femmes se faisaient faire cette opération en Iran, d'où l'indignation de Parvine.
Graphiquement, Broderies est bien plus libre que Persepolis. Si vous avez lu ce dernier, vous saurez que souvent l'histoire est confinée dans des cases très régulières. Or ici avec ce roman graphique, il n'y a pas de case. Les dessins se mêlent au texte écrit à la main. Les pages sont si libres qu'on se sent invité dans cette réunion de femmes pleine d'intimité et de libération. Marjane Satrapi prend beaucoup de liberté dans la façon de composer ses pages, et apporte ainsi un rythme tout particulier à son album. Et évidemment, on ne change pas une équipe qui gagne : le tout est toujours dessiné en noir et blanc, avec des aplats de noirs et de blancs, et quelques motifs pour nuancer.
Inutile de le dire je pense, mais je vais quand même le dire ; j'adore Broderies. Je l'ai relu un nombre incalculable de fois et il me fait toujours autant rire ! Marjane Satrapi n'a pas son pareil quand il s'agit de raconter des histoires (à noter qu'elle a écrit Persepolis car beaucoup de gens autour d'elle faisaient trop d'amalgames concernant l'Iran). Alors si vous avez lu (ou vu !) Persepolis, je vous recommande vivement la lecture de ce petit roman graphique drôle et touchant.
A bientôt pour une prochaine chronique !
Graphiquement, Broderies est bien plus libre que Persepolis. Si vous avez lu ce dernier, vous saurez que souvent l'histoire est confinée dans des cases très régulières. Or ici avec ce roman graphique, il n'y a pas de case. Les dessins se mêlent au texte écrit à la main. Les pages sont si libres qu'on se sent invité dans cette réunion de femmes pleine d'intimité et de libération. Marjane Satrapi prend beaucoup de liberté dans la façon de composer ses pages, et apporte ainsi un rythme tout particulier à son album. Et évidemment, on ne change pas une équipe qui gagne : le tout est toujours dessiné en noir et blanc, avec des aplats de noirs et de blancs, et quelques motifs pour nuancer.
Les femmes de l'histoire, vues par Marjane. |
A bientôt pour une prochaine chronique !
Fiche informative :
© Satrapi, L'Association. |
- Titre : Broderies
- Scénario et dessin : Marjane Satrapi
- Pages : 136
- Éditeur : L'Association
- Prix éditeur : 15,30 euros
- Année d'édition : 2003
- ISBN : 978-2-84414-095-1
Les images contenues dans cet article sont issues de l'ouvrage dont il est question ici, à l'exception de la photographie d'introduction qui m'appartient.
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