L'Arabe du Futur T1, par Riad Sattouf


L'autobiographie en BD, y a qu'ça d'vrai !

Bonjour à tous !


Chose promise, chose due, il est temps de parler de l'album qui a reçu le Fauve d'Or au Festival d'Angoulême cette année ! Ce n'est pas la première fois que Riad Sattouf reçoit ce prix ; en effet, il l'a déjà reçu en 2010 pour son troisième tome de Pascal Brutal. Si vous n'avez pas lu L'Arabe du Futur, peut-être connaissez-vous son auteur pour Pascal Brutal ou La vie secrète des jeunes, par exemple ! Cela dit, si vous n'avez pas encore lu L'Arabe du Futur, je vous recommande vivement de vous jeter dessus, et au plus vite !

Une fois n'est pas coutume, c'est la chronique vidéo de Pénélope Bagieu qui m'a fait découvrir cette bande-dessinée et je me suis mis en tête de la lire très rapidement après. Bien entendu, je n'ai pas été déçue du voyage ! Cet album est le premier né d'une série de trois volumes sur l'histoire de Riad Sattouf. Et donc malgré la quantité non négligeable de pages dans cet ouvrage, on comprend vite pourquoi ce n'est pas assez à la fin.

La façon parfaite de commencer une bande-dessinée.
Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur. (résumé provenant du site Internet d'Allary Editions)

L'histoire se découpe en quatre chapitres. Le premier raconte la rencontre entre le père et la mère de Riad, et plante le décor quant au caractère du père en particulier, avant de s'attaquer à leur vie de famille en Lybie. Le second chapitre parle de leur court retour en France. Le troisième aborde leur vie en Syrie, et le quatrième, très court, nous montre leurs vacances en France (avant un retour annoncé en Syrie). On a donc là un vaste éventail d'évènements qui s'étendent de 1978 à 1984 (comme l'indique le sous-titre de l'album), et des évènements aussi divers que variés vus par les yeux d'un enfant.

Un grand artiste en devenir...
Ce que je trouve très intéressant dans la vision de cet enfant, c'est quand même que c'est un Riad Sattouf adulte qui écrit cela à l'heure actuelle. Et pourtant, on parvient à percevoir cette candeur et cette fascination dignes d'un gamin totalement fan de son père. Abdel-Razak est un héros pour son fils. Il peut le porter d'une main et il envoie même des balles de tennis très loin à la force de cette seule main ! La parole de son père prévaut sur tout pour le petit Riad. Et à travers ces yeux d'enfant, on voit ce que c'est, la Lybie de Khadafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad. On voit avec stupéfaction que la Lybie est une terre en friche ; tous les chantiers sont abandonnés ; personne n'est dans les rues ; les appartements sont gratuits et ouverts à tous du moment qu'il n'y a personne dedans... Tous ces détails nous frappent d'étonnement, et pourtant, pour le petit Riad, toutes ces choses étranges et folles sont normales ! En Syrie, Riad Sattouf est confronté à l'antisémitisme car il est considéré comme juif par ses propres cousins qui lui mènent la vie dure. Quand l'enfant grandit, il passe du jeune chérubin qui provoque la fascination auprès de tous par ses cheveux blonds et ses yeux bleus, au petit garçon qui a peur et qui se met à comprendre certaines choses.

Des dessins qui paraissent simples et qui pourtant sont si forts...
Cette évolution est touchante, et la façon de raconter de Riad Sattouf est absolument incroyable. Rien n'est laissé au hasard, que ce soit dans la narration, dans les dialogues, ou dans l'image. Les contextes sont parfaitement expliqués de façon adulte, et le point de vue reste celui d'un enfant. On est formé aux contextes politiques, religieux, et sociologiques des pays où vit la famille, et c'est notamment par le biais du point de vue du père que l'on comprend tout cela. Chacune des figures familiales autour de Riad Sattouf a son importance.

Le dessin caractéristique de Sattouf est toujours dans cette dimension de la ligne claire, tout en restant expressif. En effet, les personnages n'ont guère besoin de traits multiples sur le visage pour exprimer quelque chose, et c'est la force du trait de l'auteur. Chaque partie a sa couleur type, aussi. Le bleu pour les moments en France, le jaune pour la Lybie, et le rougeâtre pour la Syrie, ce qui fait que malgré le foisonnement des évènements, on ne s'y perd pas (et vous pouvez aisément lire la bande-dessinée en plusieurs fois sans être déboussolé) ! Ce choix chromatique est très intéressant ; les couleurs rythment les pages au-delà du trait noir, et elles ont probablement une signification d'ailleurs.

Parfois, quelques autres couleurs symboliques alimentent les cases.

Je pourrais écrire pendant des jours sur L'Arabe du Futur, et je pourrais parler des pages une à une en les lisant ! J'estime que l'album a largement mérité son prix au Festival d'Angoulême 2015, et j'estime qu'il mériterait largement d'être lu par tous, car il permet de voir la vie et l'évolution d'un petit garçon embrigadé en Lybie et en Syrie, mais il permet aussi de voir ce qu'est la vie là-bas, sans caricature. Je ne me lasse pas de relire ce roman graphique en attendant avec impatience le deuxième volume qui, j'en suis sûre, saura me contenter !


A très bientôt !

Le site de Riad Sattouf : Riad Sattouf


© Sattouf, Allary Editions

Fiche informative :
  • Titre : L'Arabe du Futur, Une jeunesse au Moyen-Orient
  • Scénario et dessin : Riad Sattouf
  • Pages : 160
  • Éditeur : Allary Editions
  • Prix éditeur : 20,90 euros
  • Année d'édition : 2014
  • ISBN : 978-2-3707-3014-5



Les images contenues dans cet article sont issues de l'ouvrage dont il est question ici, à l'exception de la photographie d'introduction qui m'appartient.

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