Mauvais Genre, par Chloé Cruchaudet
Bonjour à tous !
Pardonnez mon manque de régularité dans mes articles. Deux raisons à cela : le master qui aspire énormément de ma force vitale (et donc qui m'empêche de lire ou d'écrire comme je le souhaiterais), et ma connexion internet abominable dans ma résidence qui fait que je n'ai pas le courage d'allumer mon ordinateur. Mais récemment, j'ai reparlé d'une bande-dessinée incroyable à une amie et ça m'a donné envie de la relire. Grâce au titre et aux images, c'est sans surprise que vous savez déjà de quoi je veux parler.
Mauvais Genre est un roman graphique adapté de l'essai intitulé La garçonne et l'assassin de Fabrice Virgili et Danièle Voldman. Cet album publié en 2013 remporte notamment le Prix du public Cultura au Festival d'Angoulême de 2014, et trois autres prix.
Paul et Louise s'aiment, Paul et Louise se
marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul,
qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur
et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester
caché. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité, se travestir. Désormais il sera... Suzanne. (Synopsis issu du site de l'éditeur)
La composition des pages se cantonne pour la plupart du temps à six vignettes aux tons désaturés, à l'exception des couleurs rouges/vermillon qui parsèment l'album. Parfois, on compte plus de vignettes, parfois moins, mais il est intéressant de constater l'absence de cette ligne qui délimite ordinairement une case. Tout en fondu, avec ou sans arrière-plan, les "cases" si on peut les appeler ainsi permettent aux yeux de ne pas buter sur les cernes noirs habituels. L'effet "crayon" apporte selon moi un charme tamisé qui nous fait entrer plus facilement dans l'intimité des deux personnages (en particulier celle de Paul/Suzanne, qui prend plaisir à tous les plaisirs !).
Le trait de Cruchaudet se prête parfaitement aux expressions des personnages et à leurs démarches ; on remarque d'ailleurs bien l'évolution de Paul, quand au début il a vraiment des comportements très masculins et qu'il doit s'adapter aux mouvements en douceur de la femme de l'époque. Beaucoup de subtilités sont parfaitement retranscrites dans le dessin de l'auteur, bien au-delà des dialogues. Le dessin de Chloé Cruchaudet a des courbes, des interruptions dans la ligne tout à fait intéressantes. Cette ligne donne une vie très authentique à ce qu'elle représente justement parce qu'elle n'est pas parfaitement régulière.
Mauvais Genre est un must-have, tant pour son fond que pour sa forme. L'histoire qui paraît au premier abord un peu loufoque avance dans une ambiance qui sent la mort et le drame, et les couleurs, les niveaux de gris et le trait noir de l'auteur rythment à la perfection ce récit. Si la composition des pages paraît parfois un peu simple, elle n'en reste pas moins efficace et permet une lecture fluide qui va à l'essentiel (bien qu'elle n'oublie pas d'appuyer sur des évènements importants). Pour ceux qui n'ont jamais lu le roman original ou la bande-dessinée, la fin de l'histoire mène à une surprise inattendue tant les destins se mêlent et s'entremêlent. En somme, Mauvais Genre est une histoire d'amour et de peine, de guerre et de haine, de mort et de plaisir.
A bientôt pour une nouvelle chronique !
© Cruchaudet, Delcourt, Collection Mirages |
- Titre : Mauvais Genre
- Scénario et dessin : Chloé Cruchaudet
- Pages : 160
- Éditeur : Delcourt (Collection Mirages)
- Prix éditeur : 18,95 euros
- Année d'édition : 2013
- ISBN : 978-2-7560-3971-8
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